Les forêts européennes sont actuellement marquées par une phase sensible de dépérissement, interprétée comme l'une des conséquences du changement climatique. Le terme de dépérissement n'est cependant pas nouveau, puisqu'il apparaît dans la littérature technique dès le milieu du XVIIIe siècle, au milieu de la « crise forestière » qui précipite la transition énergétique de la Révolution industrielle. L'objectif de cette intervention sera dans un premier temps d'analyser le sens du terme dépérissement, dans la littérature de l'époque moderne : ce terme relève-t-il de phénomènes massifs de mortalité, d'attaques de ravageurs, ou de dynamiques régressives des peuplements ? Fait-il consensus chez les théoriciens, ou fait-il l'objet de définitions variées ? Les documents de terrain (visites de bois, procès-verbaux de martelages, ventes de bois, procès-verbaux de récolement), croisés ponctuellement avec des données anthracologiques, permettent de comparer ces descriptions avec les dynamiques des peuplements, à l'échelle des parcelles. Ils permettent de confirmer ces phases de dépérissement, dont les origines paraissent multifactorielles. Ils permettent aussi de constater des phases ultérieures de résilience. L'étude sera menée à partir d'exemples situés dans la France septentrionale.
Eléments de bibliographie :
Jérôme Buridant, Environnements forestiers, économie et sylviculture dans la France septentrionale, XVIIe-XIXe siècles, Université de Paris IV – Sorbonne : Habilitation à diriger des recherches, 2008.
Jérôme Buridant, « La question du dépérissement forestier, fin XVIIIe-début XIXe siècle », Bulletin de la société de l'histoire de France, 2008, pp. 109-135.