Le territoire du Parc national de forêts est emblématique en matière de conservation des patrimoines naturels et de la biodiversité. Le statut de protection forte dont bénéficient les forêts du cœur de Parc national est un atout mais il interroge également profondément les pratiques de gestion forestière, d'exploitation et de fréquentation des forêts au titre d'activités de loisir, naturalistes, cynégétiques et scientifiques. La création du Parc national s'est traduite par un statut de protection forte et une réglementation particulière en cœur ainsi que par des orientations forestières générales sur l'aire d'adhésion. Un enjeu fort et spécifique concerne ces évolutions, lesquelles ont pu créer des tensions ou des incompréhensions avec différents acteurs du territoire.
Les forêts du Parc national constituent des espaces privilégiés pour observer et comprendre les effets des changements globaux. Cette dimension est cruciale dans une perspective d'adaptation des pratiques des gestionnaires de la filière forêt-bois, mais également du projet de territoire pour anticiper et faire face aux conséquences inévitables mais difficilement évaluables des changements climatiques. Le territoire est particulièrement concerné par le sujet, faisant actuellement face à des dépérissements importants et tendant dans le même temps d'anticiper la survenue de nouveaux risques comme le risque incendie ou d'aléas climatiques.
La valorisation des ressources forestières interroge également. La filière forêt-bois est représentée dans le territoire, à travers environ 70 entreprises. La plupart ont récemment connu ou connaissent des difficultés conjoncturelles et structurelles (petites unités familiales, difficultés d'anticipation et d'investissement) qui les fragilisent. La formation des acteurs est de qualité et délivrée par des opérateurs en périphérie du territoire. La filière forêt-bois est porteuse d'emplois locaux mais la faible présence dans le territoire d'unités de transformation la rend dépendante du marché national et international pour la vente de la matière première. La dimension du Parc national comme lieu de connaissance et sa capacité fédératrice sont aussi des opportunités pour développer de nouveaux usages et débouchés y compris dans des filières de niche.
Cette communication vise à présenter une démarche de concertation territoriale dans l'action et par l'innovation. Elle repose sur la mobilisation d'une approche méthodologique de type Living Lab, encadrant des phases successives d'exploration, de co-conception, d'implémentation et d'évaluation de solutions produites et mises en oeuvre par les acteurs de la filière pour répondre à des problématiques spécifiques (Arnould, 2021). La démarche s'appuie sur deux théories de l'innovation. D'une part, l'innovation ouverte qui propose aux acteurs d'ouvrir leurs frontières au flux d'informations et de connaissances externes dans une logique de partage et de collaboration et, d'autre part, l'innovation par les usages qui défend l'intérêt d'intégrer les utilisateurs très tôt dans le processus de conception de l'innovation.
La démarche s'articule autour de deux objectifs principaux : (1) l'activation d'espaces de dialogue entre forestiers, entrepreneurs et habitants pour s'adapter et anticiper les risques en forêt et (2) développer des projets collectifs aboutits de valorisation des ressources forestières. La méthode mobilisée sera détaillée afin de mettre l'accent sur les nouveaux outils permettant l'accomapgnement des transitions associant les acteurs forestiers autour de projets collectifs. Le lancement du projet ayant pris du retard, cette contribution sera essentiellement méthodologique et souhaitre mettre en discussion les modes de participations au sein des projets forestiers territoriaux.