En France, si les forêts publiques et privées métropolitaines de plus de 25 ha sont soumises à des exigences formelles de gestion et doivent donc nécessairement se positionner, explicitement ou implicitement, face aux enjeux d'adaptation et d'atténuation du changement climatique, et plus généralement de la transition écologique, les boisements plus diffus, notamment les îlots boisés (définis ici comme surface boisée entre 0.5 et 40 ha distante de plus de 500 m d'une forêt), ne sont pas tous soumis à ces exigences et sont moins bien connus sur les plans écologiques (quelles contributions aux réservoirs et corridors écologiques ?) et bioéconomiques (quelles potentialités pour les filières bois et la chasse ?).
Pour pouvoir mieux évaluer leur contribution sur ces plans, une analyse spatiale préliminaire de ces îlots a été effectuée sur la Région Ile-de-France, dans le cadre des projets de recherche INRAE-Régions « Transition en territoires pour l'Agriculture, l'Alimentation et l'Environnement ». La région Ile-de-France est évidemment spécifique du fait d'une densité démographique exceptionnelle induisant enjeux fonciers et attentes sociétales, et du fait de la présence en sa périphérie de grands massifs forestiers publics et de quatre Parcs Naturels Régionaux (dont deux plus particulièrement forestiers), soit une surface forestière représentant près du quart de l'espace régional et davantage dédiée aux usages récréatifs que productifs (la première transformation étant par ailleurs peu développée). Nous nous intéressons ici à l'ensemble restant d'îlots boisés, parsemant un espace agricole représentant tout de même la moitié de la superficie régionale. La caractérisation spatiale et située de ces îlots est présentée, avec 8146 îlots identifiés (dont 90% de moins de 10 ha) représentant près de 10% de la surface forestière francilienne, le cadastre montrant par ailleurs un fort émiettement parcellaire au sein même de ces îlots et des accès plus ou moins aisés malgré un relief peu contraignant (isolement au sein de parcelles cultivées, contigüité à des cours d'eau...). Il en résulte que si les données spatiales relatives aux îlots boisés sont bien évidemment fondamentales, d'autres données relevant de leur gestion doivent encore être acquises, notamment la caractérisation de leur émiettement parcellaire et de leurs propriétaires et usagers.
En effet, dans une optique de bioéconomie durable des filières bois d'œuvre, bois d'industrie et bois énergie (dont le potentiel de développement, a priori intéressant, est fortement contraint par des aspects environnementaux), les coûts de transaction associés à l'exploitation de ces îlots boisés risquent de rendre cette dernière non rentable financièrement. Une réflexion plus large sur les apports écosystémiques de ces îlots boisés dans le cadre francilien et une enquête auprès des acteurs concernés sont en cours pour les intégrer plus explicitement à la planification forestière, au métabolisme territorial et au bien-être animal et humain de la Région Ile-de-France. In fine, ce travail permettra de questionner la possibilité de mettre en œuvre différentes stratégies de gestion alternative de ces îlots boisés pour parvenir à une transition écologique plus aboutie.