Conceptualiser les interactions entre les êtres humains et les écosystèmes forestiers
Clément Lasselin  1@  
1 : Institut d'écologie et des sciences de l'environnement de Paris  (iEES Paris)
Institut de Recherche pour le Développement, Sorbonne Université, Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne - Paris 12, Centre National de la Recherche Scientifique, Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement
Sorbonne-Université, campus de Jussieu - Bât A - Paris (75005) - INRAE - Versailles (78) - IRD - Bondy (93) - UPEC - Créteil (94) -  France

Je propose d'apporter une présentation générale des travaux existant en écologie et en philosophie sur les forêts et les relations des êtres humains à elles. Cette présentation sera nourrie d'une analyse des usages des concepts de « forêt » et sur les interactions des êtres humains à elles, de ce à quoi ces concepts servent, de ce qu'ils pourraient et devraient être (Thoren & Persson, 2013 ; Nagatsu, et al., 2020). Une analyse conceptuelle doit ainsi aider à comprendre si la polysémie autour de ces concepts est souhaitable ou non (Herman, 2018 ; Nado, 2019).

(i) Dans un premier temps, je rappellerai la diversité des écosystèmes que peut désigner le concept de « forêt » (Chazon, et al., 2016), la diversité des concepts utilisés pour désigner les interactions que les êtres humains ont avec les forêts (et les écosystèmes en général) (Peh, Corlett, Bergeron, 2015), et la manière dont s'y intègre le concept de « transition », voire de « forêt en transition ». 

(ii) Dans un deuxième temps, pour chacun de ces concepts, je présenterai leur polysémie, leurs présupposés, les cas-limites associés, et les débats potentiellement problématiques. Je préciserai alors en quoi la variation des critères définitionnels associés à ces concepts conduit à étudier, réglementer et transformer différemment les écosystèmes (Bernier, et al., 2017). Notamment, tous ces concepts sont centrés sur les forêts elles-mêmes, sur les « biens et services » qu'elles fournissent à des êtres humains, ou sur les êtres humains qui les transforment (Clark, et al., 2001 ; Foster, et al., 2010 ; Amare & Darr, 2020). Dans ce contexte, la « forêt en transition » peut désigner un changement d'état de la forêt par elle-même, ou un changement opéré par les êtres humains et de ce qu'ils produisent à partir des forêts. 

(iii) Dans un troisième temps, je chercherai quels pourraient être les concepts et leurs sens les plus pertinents pour désigner les forêts et les interactions entre humains et forêts. Je défendrai que les forêts devraient être « en transition » en tant que ce sont les activités humaines sur les forêts qui doivent être transformées, et en tant que ce sont les activités humaines qui doivent être ou devenir « durables ». Cela doit précisément conduire à limiter l'anthropomorphisation des forêts et d'utiliser des concepts scientifiques appropriés pour les comprendre, tout en insistant sur l'importance de la stabilité des écosystèmes forestiers pour la propre stabilité des sociétés humaines.


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