En France, les dunes boisées résultent d'une intervention humaine, mais leur succès réside dans la transition vers une forêt dunaire stable et diversifiée. En raison des conditions climatiques actuelles, ces forêts sont vulnérables et leur résilience est conditionnée à des pratiques de gestion adaptées intégrant la forte mobilité intrinsèque des dunes littorales.

Force est de constater que la mobilité constitue la caractéristique principale des systèmes dunaires. Ceux-ci s'adaptent constamment morphologiquement aux conditions de vent, de mer et de disponibilité sédimentaire. La gestion de cette mobilité dans les territoires s'avère particulièrement complexe. Les politiques publiques et les actions privées préfèrent généralement la stabilité et la permanence des emprises. Ainsi, la hiérarchie des interventions sur les dunes planifie comme objectif premier celui de les stabiliser pour entraver la progression des sables vers l'intérieur des terres.

Pourtant, les caractéristiques morpho-écologiques des systèmes dunaires prennent aujourd'hui une importance particulière. Face au changement climatique et à la montée du niveau de la mer, la capacité des systèmes dunaires à suivre les évolutions dynamiques du trait de côte pourrait se révéler précieuse, requestionnant au passage la trop grande proximité des implantations humaines avec le rivage. Dans ce contexte, la fixation recherchée au cours des deux derniers siècles pourrait devenir inadaptée, du moins dans certaines régions géographiques où la protection de l'arrière-pays préserve une certaine image de marque du territoire et garantit la préservation de paysages jugés attractifs.

Dans ce contexte, les trajectoires des sylvosystèmes dunaires doivent être réinterrogées à la lumière des transformations pluriséculaires de ces milieux et des nouveaux enjeux socio-environnementaux. Les acteurs locaux et les gestionnaires et, de manière plus générale, les entités responsables de l'aménagement de ces territoires littoraux boisés sont confrontées à un défi considérable : comment concilier la mobilité des systèmes dunaires avec les approches traditionnelles de gestion de l'espace ? Ce questionnement a d'autant plus de sens aujourd'hui car les aménageurs sont confrontés à des injonctions contradictoires, d'une part aménager les forêts pour accueillir et sécuriser des lieux pour assurer la multifonctionnalité des usages, d'autre part ménager ces forêts dans une logique conservatoire en optimisant la biodiversité qui est aussi la garante de la grande valeur patrimoniale de ces milieux. Les forêts dunaires sont ainsi engagées dans une transition dans laquelle il faut mettre en place des choix de gestion, dans une perspective opérationnelle intégrant la qualité paysagère et écologique de ces milieux exposés au changement climatique.

A partir d'une revue de littérature, de retours d'expériences, et d'observations participantes s'insérant dans un dispositif de médiation paysagère auprès des acteurs territoriaux, la recherche mettra en évidence les trajectoires de ces sylvosystèmes dunaires entre ruptures et adaptations et exposera quelques pistes prospectives pour discuter de la résilience de ces systèmes confrontés aujourd'hui à plusieurs alternatives de gestion.

Une analyse comparative révélera les points de divergence et les similitudes entre les dunes boisées de la côte atlantique (Vendée, Charentes maritimes) et celles de la côte orientale méditerranéenne (étangs palavasien et complexe lagunaire du Narbonnais), mettant en évidence les interventions humaines et les défis écologiques spécifiques rencontrés par ces deux régions côtières distinctes.