La construction décarbonée : un nouvel usage de la forêt ? L'exemple de la tour Hyperion à Bordeaux
Louise Rebeyrolle  1, *@  , Louise Petit  1, *@  
1 : Environnement, territoires en transition, infrastructures, sociétés
Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement
* : Auteur correspondant

L'industrie du bois tente de se positionner aujourd'hui comme solution pour adapter l'économie et la société française au changement climatique en participant à celle du bâtiment, épinglée comme parmi les plus polluantes. En construisant en bois, on décarbonerait la construction, on permettrait un stockage de carbone à plus long terme, on réduirait les émissions. Somme toute, la climatisation du secteur au sein de l'industrie forêt-bois implique donc paradoxalement son industrialisation (Sergent, Smith 2023). Mais la filière forêt-bois en France, traditionnellement plus orientée vers la papeterie, peine toujours à se reprogrammer pour répondre à ces besoins générés par l'industrie du bâtiment. Par conséquent, on peut questionner si sur le terrain l'écologie incite à une mutation profonde de la filière en termes de financements comme d'infrastructures.

Dans ce contexte, le rôle des forêts et de leurs ressources, paraît central dans la transition vers une industrie du bâtiment décarbonée. Mais le contenu concret du rôle du bois dans cette industrie verdie reste peu clair. En effet, et dans un premier temps, par une analyse documentaire, nous mettrons en lumière que des configurations d'acteurs plurielles utilisent ces mêmes termes (bioéconomie, industrie décarbonée, etc...) en y associant des sens différents. Les problèmes, objectifs et interdépendances sont qualifiés et sélectionnés différemment selon les parties prenantes, ainsi que le sont les stratégies pour faire face aux changements globaux (Petit et al, 2024 à paraître). Emergent ou se renforcent alors des coalitions discursives, particulièrement entre « industriels » et « acteurs environnementaux » sur le sujet du carbone. 

Dans un second temps, et une fois ces différents concepts mouvants mis au clair, nous nous concentrerons à donner un exemple concret de ces concepts mouvants par une coalition d'acteurs spécifique : celle de la construction verte. Nous analyserons un exemple empirique en se penchant sur l'histoire d'un bâtiment emblématique de la construction bois : la tour Hyperion de Bordeaux. Des entretiens avec les différents acteurs ayant participé à la sortie de terre de la plus haute tour en bois de France nous permettront de donner à voir au concret le cadrage de ces acteurs de la filière forêt-bois comme solution au verdissement de l'industrie du bâtiment. 

Cette communication à deux voix s'inscrit premièrement dans le travail de recherche doctorale de Louise Petit qui s'intéresse aux nouveaux usages du bois et à la manière dont ils participent à requalifier les ressources forestières, et deuxièmement dans le cadre du projet de recherche du RRI (Réseau Recherche Impulsion) Tackling Global Change de l'Université de Bordeaux visant à identifier et analyser les interactions et les interdépendances entre les systèmes écologiques et les sociétés qu'implique la « lutte contre le changement global ». Plus spécifiquement, Louise Rebeyrolle s'intéresse aux modalités de régulation associées au développement de l'usage du bois dans la construction pour comprendre comment les politiques de l'environnement influent sur ces industries et inversement. 


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