L'analyse dendroarchéologique des bois d'œuvre utilisés dans les charpentes médiévales permet de définir le profil écologique des arbres consommés (morphologie, âge, type de croissance, forme du fût, hauteur du houppier...) et d'en déduire les caractéristiques des peuplements exploités et des pratiques culturales. A travers plusieurs études de cas, comme celles de la charpente du XIIIe siècle de la cathédrale de Bourges, on constate qu'à l'échelle du Bassin parisien du XIIe au XIVe siècle, de nombreuses futaies furent gérées sur le long terme avec des modalités de sylviculture identiques, permettant de produire en quantité des bois d'œuvre de qualité, présentant des fûts minces, droits, de grande longueur, flexibles et résistants, adaptés aux techniques de façonnage à la hache. Cette sylviculture médiévale explique en partie la réalisation des grandes charpentes des cathédrales gothiques dont la stabilité structurelle et la longévité continuent de nous étonner.
La remise au goût du jour depuis une dizaine d'années des techniques de charpenterie traditionnelles comme pour le chantier de reconstruction de la charpente du XIIIe siècle de Note-Dame de Paris amène à nous interroger sur la pertinence de cette pratique sylvicole médiévale pour les forêts du XXIe siècle en termes d'intérêts écologique et économique pour la filière Bois.